Inayawan... où la ville poubelle
J'ai un peu hésité à évoquer ce sujet sur ce blog, mais après réflexion, je me dis que c'est également çà la réalité aux Philippines... Comme je l’ai déjà dit, Enfants du Mékong possède de nombreux programmes de parrainages sur l’ensemble des Visayas, où je me trouve, mais également dans la ville de Cebu. Certains d’entre eux sont particulièrement représentatifs du travail de l’association auprès des Enfants les plus pauvres… L’un de ces programmes est géré par Stéphane, mon co-bambou, et se trouve dans le quartier d’INAYAWAN… autrement dit l’unique décharge de Cebu ; ville de plus de 3 millions de personnes, je le rappelle. Depuis mon arrivée, je me dis… il faut que j’aille visiter et puis on ne prend pas le temps, on a toujours autre chose à faire… enfin le quotidien qui s’installe même à l’autre bout du monde. Il y a 2 semaines de cela, Louis Jean, un journaliste en herbe est passé par Cebu pour faire un reportage photos sur EDM qu’il compte pouvoir exposer, d’ici quelques mois, à Paris. Il a souhaité visiter ce programme… et je me suis dis, c’est l’occas’ j’y vais aussi… Cette visite m’a littéralement scotchée… Je vous laisse juger par vous-même sur les photos qui suivent :
Comment expliquer cette situation chaotique, cette énorme décharge à ciel ouvert où vivent (ou devrais-je dire survivent) et travaillent des centaines de familles… Il y a quelques années, l’incinérateur de la décharge de Cebu est tombé en panne, sans être réparé tout de suite… pourquoi je n’en sais rien. De ce fait, un système D s’est installé… les familles les plus pauvres, les enfants non scolarisés, se sont mis à récupérer tout ce qui était récupérable (bouteilles en plastique, vêtement, métal…) afin de le revendre. Profitant de ce filon, un homme d’affaire s’est mis à racheter ces objets à un prix minimum… ce dernier est aujourd’hui millionnaire, roule en quatre quatre et est devenu le capitaine du Baranguay, autrement dit le « chef du quartier » élu. Cet incinérateur n’est pas prêt à être réparer… il permet à des centaines de familles de survivre en gagnant 80 pesos par jours (1,50€) et à un homme d’affaire de profiter de cette misère pour s’enrichir toujours plus…
Autant vous dire que les alentours de la décharge, le lieu d’habitation des gens n’est qu’une accumulation d’ordure, de déchets… une réelle impression de NO MAN LAND… C’est simple à côté les bidonvilles que j’ai dans certains de mes programmes, c’est le grand luxe… Voici quelques photos :
Le gros problème de ce quartier est la grande pauvreté des gens, et de ce fait la déscolarisation des enfants qui passent parfois leurs journées à travailler, à aider leurs parents, sur la décharge… Face à cela, quelques associations donc Enfants du Mékong ont décidé d’agir. Crée en 2000, le programme d’EDM agit sur 2 niveaux : - Un centre EDM, géré par une assistante sociale, permet aux filleuls scolarisés de venir travailler et étudier. Des temps de tutoriaux sont mis en place et tout un travail autour de l’hygiène également ; - Des « garderies » ont été mis en place pour éviter aux plus jeunes, non scolarisés, d’accompagner leurs parents sur la décharge. Voilà, une fois encore un exemple concret de ce que le parrainage d'une enfant peut apporter... certes une scolarisation mais également un accompagnement des familles, des jeunes, un travail autour de l'hygiène, de la santé... et permettre un jour, je l'espère, à ces familles de sortir de cette spirale de la très grande pauvreté et pouvoir aller habiter ailleurs. Je n'ai que chose à dire : PARRAINER!